Manuel Bienvenu


Il suffit d’écouter les deux albums solo de Manuel Bienvenu – Elephant Home (2005) et Bring me the Head of Manuel Bienvenu (2007) – pour que s’impose le portrait d’un homme refusant l’embrigadement.

Voilà un cas notable de songwriter sans école, qui a fait le mur des genres. Comme Robert Wyatt, Carla Bley, Mark Hollis, Brian Eno ou Arto Lindsay, autres évadés notoires, Manuel Bienvenu parvient à se défaire sans effort apparent des lourdes étiquettes – pop, jazz, rock, bossa, expérimental, electronica… - dont on a coutume d’entraver les créateurs de son acabit. Détachée de toute connotation, épousant des formes aussi rigoureuses qu’évasives, chacune de ses chansons est un modèle unique.

Cette approche est née par le truchement d’une oreille insensible aux diktats de la mode comme aux injonctions des arbitres du bon goût.

Manuel Bienvenu l’a développée au contact d’un large instrumentarium (guitares, piano, basse, orgues, trompette, percussions…), dont il explore les palettes de couleurs et de vibrations. Il l’a renforcée par la découverte de l’enregistrement multipistes, formidable machine à bâtir des édifices sonores chimériques. Il l’a prolongée dans l’étude à la fois sourcilleuse et contemplative des ressources de l’harmonie et des combinaisons de timbres, mais aussi dans l’attention portée au son, matière sensible transformable à l’infini.

Le Français ne cumule pas seulement avec bonheur les casquettes de compositeur, multi-instrumentiste, chanteur, arrangeur, ingénieur du son ou producteur ; il sait aussi se faire poète, algébriste, plasticien, architecte, explorateur…

Rassembler harmonieusement autant de disciplines dans le cadre d’une seule vie, c’est se donner la possibilité d’embrasser tous les objets d’un désir sans bornes, sans ignorer pour autant les vertus de la réflexion, du lent et endurant travail de la pensée.

  



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